L’Agglo, déjà plutôt active dans le domaine du compostage classique, a souhaité lancer dès la fin 2022 une expérimentation sur la collecte et le traitement des biodéchets. Le principe : implanter des points de collecte connectés (41 à ce jour) sur des quartiers tests de Croissy-sur-Seine, Houilles, Le Pecq, Le Port-Marly et Saint-Germain-en-Laye. Les habitants concernés, après avoir été sensibilisés à cette expérimentation via une campagne de communication, ont pu s’inscrire pour participer. À la fin 2023, des données ont été collectées qui vont permettre à l’Agglo d’affiner sa gestion du tri des biodéchets.
Pouvez-vous nous rappeler votre méthodologie ?
Marc Tevini, consultant chez Quadrant Conseil : « Nous avons démarré en avril 2023 par une courte enquête auprès des 100 premières personnes inscrites. Nous avons également animé trois ateliers de discussion auprès d’usagers que nous avons interrogés sur les freins et leviers d’amélioration du dispositif. Troisième étape en juin 2023 : une enquête menée auprès de l’ensemble des inscrits, soit 2 200 personnes. Nous avons eu le retour de 800 d’entre elles, soit un taux de réponse d’environ 35 %, ce qui est relativement élevé pour ce type d’enquête. Nous avions élaboré une trentaine de questions ayant trait aux profils des usagers, aux raisons pour lesquelles ils trient leurs déchets, à leur niveau d’intensité dans la pratique, aux freins et leviers d’amélioration du dispositif. Nous avons par ailleurs effectué des entretiens avec les prestataires en juillet 2023 et à la fin de l’été, complété avec un micro-trottoir et des entretiens auprès de personnes non inscrites au service. À l’automne, nous avons récupéré les données des prestataires pour, dans la foulée, produire la synthèse des résultats auprès de l’Agglo. »
Justement, quels sont les grands enseignements qui se dégagent ?
Julie Hemmerlin, chercheuse indépendante au sein du Laboratoire des déviations écologiques : « Déjà, une bonne chose : sur 6 500 foyers ciblés, au moins 80 % auraient été informés des points de collecte ou les auraient vus. Autre chiffre intéressant : sur ces 80 %, 38 % des foyers ciblés se sont inscrits. Cela s’explique par le fait que certaines personnes ont déjà une solution de tri, d’autres sont réfractaires au tri des biodéchets ou d’autres encore sont prêtes à trier mais sont freinées par le manque d’équipement autour de leur domicile, une situation de handicap, une difficulté pour s’inscrire ou comprendre le dispositif. Enfin, 26 % des foyers sont actifs et utilisent régulièrement les points de collecte alors que l’objectif fixé au départ était de 40 %. Cette différence entre les 38 % inscrits et les 26 % actifs est due au fait qu’il y a des gens qui n’ont pas encore démarré le tri ou commencent seulement à le faire. Il y a aussi des gens qui ont déjà eu une expérience de tri mais qui n’a pas été concluante et ils ont donc arrêté. Avec environ un tiers des foyers inscrits, la première année d’expérimentation a ainsi permis de toucher les habitants les plus enclins à utiliser le service. »
Globalement, cette étude permet-elle de valoriser les points de collecte ?
M.T : « Oui, effectivement. Les points de collecte sont plébiscités notamment pour leur côté pratique (bon emplacement, possibilité de jeter tous types de déchets alimentaires, à tout moment…). Force est de constater qu’il est important de laisser le choix entre diverses options de tri des déchets alimentaires. Les points de collecte et le compostage à domicile ou partagé sont complémentaires, d’ailleurs, certains usagers garderont les deux solutions à terme. La première option permet notamment à des personnes qui n’avaient aucune habitude du tri des biodéchets (83 % des usagers du service) de s’initier à ce nouveau tri. Aller à la borne s’inscrit aussi dans le quotidien comme un trajet naturel, sur le chemin de l’école, de la gare, de la bibliothèque… »
Un dernier mot pour conclure ?
J.H : « De façon globale, l’Agglo, déjà bien impliquée sur le champ de la sensibilisation des habitants au compostage, va pouvoir toucher encore davantage d’habitants avec cette autre solution de points de collecte volontaires. L’idée étant de diversifier les services proposés pour faire adhérer au maximum au principe de tri des déchets. Et on le constate, dans l’Agglo, ça fonctionne ! »
M.T : « Il est important aussi pour toute collectivité de garder en tête qu’une partie de la population déménage chaque année et se renouvelle. Il faut donc communiquer régulièrement sur le fonctionnement du service. Et ce n’est pas parce que vous triez une fois que vous trierez de façon durable ! »