Rencontre avec Marion, coordinatrice du site de compostage de la résidence des Grandes Terres à Marly-le-Roi.
Qu’est-ce qui a déclenché la mise en place d’un site de compostage dans votre résidence ?
Marion : Tout est parti d’un besoin d’implication, d’un souhait d’appropriation et d’exploitation de nos vastes espaces verts, par nous, les résidents. En effet, notre résidence s’étend sur 22 hectares, 1 470 logements sont répartis sur 9 squares entourant un parc central.
Plusieurs foyers étaient déjà engagés dans une démarche de compostage via notamment le lombricompostage, j’avais personnellement opté pour des Bokashi. Un site de compostage partagé paraissait donc une excellente opportunité de lancer cette dynamique d’appartenance, à notre résidence, notre commune, notre planète… Par chance, de l’autre côté de l’avenue, la résidence du Verger inaugurait leur composteur en pied d’immeuble. Nous avons donc pu observer leur fonctionnement, échanger, partager des astuces… C’est ainsi que, riches de leurs expériences, nous nous sommes lancés dans cette aventure. Après avoir effectué toutes les démarches administratives nécessaires, comme le passage en assemblée générale, nous avons inauguré notre site au sein du grand parc central, presque 2 ans plus tard (le projet a été fortement ralenti avec le Covid !).
Parmi les critères de réussite d’un tel projet, il y a l’organisation. La vôtre est je crois singulière.
Pouvez-vous nous en parler ?
Marion : Nous avons choisi une organisation basée sur la communication et l’échange plutôt que sur la hiérarchie ou l’obligation. Nous avons mis au centre de notre démarche la création d’une communauté œuvrant pour la réduction des déchets et la préservation de notre Terre. Concrètement, nous avons créé deux groupes via l’application Telegram, un premier qui donne l’opportunité à tous les participants de dialoguer avec nos référents, ainsi tous peuvent faire part de leurs idées, questionnements, etc. Ce groupe permet également aux référents de communiquer sur les grandes actions qu’ils mènent. Le but étant de donner à chaque participant une idée assez précise des actions nécessaires sur un compost partagé et peut-être susciter avec eux, la multiplication de cette initiative. Un deuxième groupe permet aux référents d’échanger entre eux de manière plus « technique », de planifier les actions à mener et d’organiser des évènements comme par exemple une fête à l’occasion du premier anniversaire de notre site, qui a eu lieu début février. Sur les conseils des maîtres composteurs, nous organisons des permanences deux fois par semaine, dont une le samedi matin où les résidents (qui compostent ou non) viennent échanger avec les référents. Là encore, c’est l’occasion de se retrouver, de se rencontrer et de créer une synergie sociale autour du projet !
La rencontre, le lien social, c’est la première valeur ajoutée de la démarche selon vous ?
Marion : Effectivement ! Pour nous, démarrer un site de compostage au sein de notre résidence, c’était avant tout souhaiter vivre une aventure humaine. C’est un projet qui rassemble, quel que soit l’âge ou l’engagement. Certains résidents sont très actifs et adeptes du compostage tandis que d’autres sont plus hésitants mais viennent quand même nous prêter main forte ! C’est aussi un formidable support pédagogique. Les « enfants composteurs » de la résidence en ont parlé dans leur école qui est située sur le domaine. Une enseignante, déjà sensibilisée à l’écologie, nous a rendu visite avec sa classe. Leur expérience sur notre site les a confortés dans leur démarche de relance du site de compostage de l’école. Et puis, c’est vrai qu’il y a aussi une satisfaction à utiliser la récolte pour fertiliser ses balconnières : on peut dire, « c’est moi qui l’ai fait ! ». Jusqu’ici, nous utilisions nos récoltes uniquement en paillage mais au printemps, nous allons l’utiliser pour le rempotage. À ce moment nous pourrons observer ce qui pousse spontanément dans le compost épandu cet hiver. C’est ça aussi la magie de la nature et du compostage !
Y-a-t-il des points de vigilance lorsqu’on se lance dans le compostage en pied d’immeuble ?
Marion : Franchement, si on a envie, il faut y aller ! Le compostage s’expérimente. On apprend au fil du temps et surtout, tout peut se rattraper. Les maîtres-composteurs missionnés par l’Agglo nous épaulent aussi en cas de souci. Cet été nous avons été confrontés à une forte odeur du bac d’apport et la présence anormalement élevée de moucherons. Nous avons donc sorti les matières pour y incorporer de la matière sèche et l’équilibre s’est restauré en quelques jours. Nous avons pris le parti de fermer le composteur, sur les conseils de l’Agglo. Par l’organisation des permanences (en dehors desquels le dépôt n’est pas possible), nous avons sensibilisé les participants au contenu de leur bio-seau. Le pain par exemple, qui en lui-même n’est pas incompatible avec le compostage, peut attirer les rongeurs. Par ailleurs, notre résidence étant très harmonieuse nous avons à cœur de conserver un espace de compostage propre. Le paillage est refait régulièrement, notre stock de matière sèches est esthétique. Notre vigilance a donc porté essentiellement sur l’acceptation d’un site de compostage dans un univers urbain, structuré, et façonné pour l’Homme.
Enfin, quels sont vos projets pour le site et comment convaincriez-vous une autre résidence de s’essayer au compostage collectif ?
L’avenir est à définir, nous sommes encore un très jeune site. Nous n’avons effectué que deux récoltes, et planifions notre troisième au printemps. Laissons le temps au temps. Si une résidence hésite encore à se lancer, nous accueillerons avec plaisir ses résidents afin qu’ils puissent observer le fonctionnement de notre site. C’est une aventure humaine à ne pas manquer !
Marion