La communauté d’agglomération Saint Germain Boucles de Seine et 5 communes volontaires – Houilles, Saint Germain-en-Laye, Le Pecq, Le Port-Marly et Croissy-sur-Seine – lancent cet automne une expérimentation sur de tri et de collecte des déchets alimentaires. Une action emblématique de son engagement en la matière et qui s’inscrit aussi dans le cadre de la généralisation du tri à la source des biodéchets (loi AGEC). Explications.
Trier les biodéchets à la source : une obligation pour tous dès 2024 !
Pour rappel, les déchets putrescibles (déchets alimentaires, déchets de jardin, les litières animales…) représentent un tiers des Ordures Ménagères Résiduelles (OMR), soit 83 kg/hab/an et près de 38 % du gisement d’OMR, soit 96 kg/hab/an (MODECOM™* 2017). Associés aux papiers sanitaires et domestiques souillés (essuie-tout, mouchoirs… ), ils peuvent être valorisés.
L’enjeu : collecter et gérer ces déchets de façon plus appropriée afin de les valoriser.
Première étape pour répondre à cet enjeu : l’obligation de tri des biodéchets imposée depuis le 1er janvier 2012 pour tous les professionnels « gros producteurs » produisant plus de 120 tonnes de biodéchets par an. Dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) et depuis le 1er janvier 2016, ce sont les professionnels produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets qui sont concernés par cette obligation. Ce seuil est passé à 5 tonnes avec loi AGEC du 10 février 2020.
Le tri des biodéchets passe également par la mise à disposition des citoyens d’une solution de valorisation comme le compostage de proximité et/ou la collecte séparée.
A compter du 1er janvier 2024, l’obligation de tri à la source des biodéchets sera généralisée.
Objectif de ces mesures : détourner les biodéchets de l’incinération pour les rediriger vers des solutions de valorisation matière (compost) ou énergétique (production de biogaz ou d’électricité). D’où l’obligation pour les collectivités d’apporter à leurs concitoyens des solutions, comme le compostage domestique, leur permettant de ne plus jeter leurs biodéchets dans les ordures ménagères afin qu’ils soient valorisés.
* MODE de Caractérisation des Ordures Ménagères : une méthode développée par l’ADEME servant à déterminer la composition des déchets collectés par le service public sur une aire géographique définie.
Composter, c’est dans l’ADN du territoire !
Depuis longtemps engagée dans une démarche de tri et de valorisation des déchets en général, c’est naturellement que la Communauté d’agglomération a anticipé les obligations réglementaires. Depuis 2010, en effet, le territoire sensibilise et encourage les habitants à opter pour le compostage individuel ou partagé pour valoriser leurs biodéchets. Une action dont les résultats sont comptabilisés dans l’atteinte des objectifs fixés par la loi sur le tri à la source des biodéchets.
Quelques chiffres du territoire :
> À ce jour, 9 183 foyers sont équipés d’un composteur individuel et formés à la pratique du compostage.
> 102 sites de compostage partagé ont été installés dans des résidences collectives.
Anticiper la loi, mieux préparer ses concitoyens !
Si l’Agglo enregistre d’excellents résultats en matière de compostage classique, elle ne s’arrête pas là et a souhaité lancer une expérimentation sur le volet collecte et traitement des biodéchets.
L’idée : installer près de 40 points de collecte connectés sur des quartiers test des communes volontaires que sont Houilles, Le Pecq, Le Port-Marly, Saint-Germain-en-Laye et Croissy-sur-Seine.
Comment ça marche ?
C’est simple, les habitants des quartiers concernés, sensibilisés notamment par une campagne de communication en porte-à-porte, s’inscrivent auprès du prestataire Upcycle via une application, trient leurs biodéchets chez eux à l’aide d’un bio seau et de sachets en papier kraft distribués et les déposent dans des abris-bacs dédiés.
Une fois les biodéchets collectés, l’Agglo va tester deux modes de traitement :
- la méthanisation pour une valorisation en biogaz ;
- le compostage électromécanique pour une valorisation en compost.
Cette phase d’expérimentation doit s’achever fin 2023. D’ici là, le territoire aura recueilli un ensemble de données relatives par exemple aux quantités collectées, aux difficultés rencontrées par les habitants et mènera une enquête de suivi. Objectifs : étudier le dispositif le plus pertinent et adapter sa politique de gestion du tri des biodéchets.
Bon à savoir : à terme, sachez que les habitants qui compostent déjà pourront mettre tous les déchets alimentaires qu’ils ne compostent pas (reste de repas, éléments carnés…) dans les bacs de collecte des biodéchets afin qu’ils soient aussi valorisés !
En attendant que les centres de traitement de biodéchets se développent, ce type de dispositifs apparaît comme une solution innovante et de proximité, gage d’une réduction de l’empreinte carbone. De même, le taux d’équipement des pavillons et des résidences en composteurs est aussi un marqueur important et qui doit permettre, à terme, de supprimer la collecte en porte-à-porte des biodéchets. Autant d’actions complémentaires grâce auxquelles l’Agglo peut optimiser son service de collecte des déchets.
C’est quoi un biodéchet ?
L’article L. 541-1-1 du code de l’environnement définit les biodéchets comme : « Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires ».
Sont considérés comme biodéchets les déchets alimentaires, aussi appelé « déchets de cuisine et de table » et les déchets issus de l’entretien des parcs et jardin, aussi appelé « déchets verts ».